Face aux déchets et à la question de leur recyclage, deux solutions apparaissent pour mieux gérer les déchets : limiter leur production et chercher à les valoriser.
De ce fait, la valorisation des biodéchets est devenue un enjeu majeur. En effet, comment tirer profit de cette quantité de ressources quasi illimitée ? Auparavant, la solution la plus simple était l’enfouissement, l’incinération ou encore le compostage.
Pourtant ces modes opératoires ne permettaient pas de valoriser le potentiel de ces déchets. Ils mettaient ainsi au rebut une véritable source de matière dont il est désormais possible de tirer profit.
En effet, correctement triés, les biodéchets peuvent être valorisés. Ces derniers représentent une quantité non négligeable de matière première transformable en énergie.
Alors, comment valoriser ces biodéchets ? On vous explique.
Déchets ou biodéchets : quelle différence ?
Afin de traiter du mieux possible nos déchets, on les catégorise selon leur provenance, leur dangerosité ou encore leur capacité à être recyclés. Les biodéchets sont donc un sous-ensemble de tous nos déchets.
La particularité des biodéchets
Les biodéchets sont des déchets d’origine organique, c’est-à-dire capables de se dégrader. Au sein de cette catégorie, on retrouve notamment les déchets de cuisine, déchets verts de jardin, mais surtout les restes végétaux et animaux issus de l’industrie agroalimentaire.
Les biodéchets sont des déchets non dangereux, qui doivent néanmoins respecter certaines règlementations.
Des tonnes de biodéchets gaspillées
En 2018, l’ADEME estimait que chaque Français produit en moyenne 4,9 tonnes de déchets par an. Les deux tiers de ces déchets seraient encore enfouis ou incinérés, du fait du peu de solutions de valorisation disponibles.
Une législation en pleine transition
Pourtant les choses avancent. Dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, les entreprises qui produisent plus de 10 tonnes de biodéchets par an sont obligées d’organiser leur collecte et valorisation depuis 2016.
D’ici à 2025, toutes les entreprises et collectivités devront à leur tour trouver une solution concernant le traitement des déchets organiques.
Comment valoriser les biodéchets ?
Aujourd’hui, trois filières de valorisation des déchets organiques se distinguent : le compostage, la fertilisation et la méthanisation. Ces procédés permettent de transformer les déchets appropriés en une nouvelle ressource, qui est à la base d’un nouveau cycle. C’est le principe de l’économie circulaire.
Le compostage
Le compostage consiste à faire fermenter de la matière organique en présence d’oxygène. Ces biodéchets se dégradent naturellement puis se stabilisent pour former une matière organique résiduelle.
Cette matière peut être utilisée comme amendement et épandue sur des terres agricoles afin de les enrichir en éléments organiques.
Cependant, cet amendement organique doit répondre à certaines normes, afin de garantir leur innocuité et leur caractère fertilisant. Ils doivent ainsi respecter des taux, que ce soit en termes de métaux lourds, de plastique, de NPK…
La fertilisation
Certains biodéchets, disposant de critères spécifiques en termes d’éléments fertilisants (Azote, Phosphore, Potassium) peuvent intégrer des formules de fertilisants organiques destinés au cultures spécifiques, à l’arboriculture, à la viticulture,…
Cette matière peut être utilisée comme fertilisant et épandu sur des cultures ou des productions agricoles afin de les enrichir en éléments fertilisants, parfois en remplacement d’engrais d’origine fossile.
Cet engrais organique doit répondre à des normes, afin de garantir leur innocuité et leur caractère fertilisant au travers notamment des quantités d’Azote, phosphore et potassium.
La méthanisation
La méthanisation est aussi un procédé de dégradation de la matière organique. Celui-ci se déroule la plupart du temps dans un milieu privé d’oxygène.
Ainsi, des bactéries viennent dégrader les biodéchets, permettant ainsi la libération de biogaz, dont du méthane.
Ce méthane est utilisé comme source d’énergie, soit par injection dans le réseau de gaz naturel, soit comme source de chaleur ou d’électricité via cogénération.
La méthanisation produit un résidu, appelé “digestat”. Il est épandu sur des terres agricoles ou transformé en compost.
Pourquoi valoriser les biodéchets ?
Mais pourquoi vouloir d’un seul coup valoriser ses biodéchets ?
Valoriser les biodéchets pour moins polluer
Jusqu’à l’apparition des premiers méthaniseurs en France, les biodéchets étaient la plupart du temps traités de la même manière que les autres déchets.
Considéré comme une contrainte, le traitement des déchets était réalisé à moindre coût. Dans le seul objectif de les éliminer purement et simplement, l’enfouissement semblait être une bonne solution.
Pourtant, enfouissement et incinération présentent leurs lots d’inconvénients.
Premièrement, car ces modes de recyclage produisent de grandes quantités de gaz à effet de serre, notamment du CO2 et du méthane. Les centres d’enfouissement représentent environ 30 % des émissions de méthane d’origine humaine.
De plus, même si l’incinération permet de produire de l’énergie grâce à la combustion des déchets, ceux-ci présentent un faible pouvoir calorifique.
Autrement dit, il est judicieux de valoriser les biodéchets pour des raisons économiques et environnementales.
Gérer les déchets afin d’en tirer profit
L’incinération et l’enfouissement ne permettent pas de tirer véritablement profit des biodéchets.
A contrario, une solution comme la méthanisation permet à la fois de produire de l’énergie, ainsi que des amendements pour l’agriculture. En effet, la méthanisation est un procédé qui produit du gaz, utilisé ensuite afin de produire de la chaleur, de l’électricité ou encore du carburant.
De son côté, le compostage permet d’obtenir une matière qui viendra ainsi enrichir les terres agricoles comme engrais ou amendement.
La méthanisation, le compostage et la fertilisation prennent véritablement en compte la valorisation organique, contrairement à l’incinération et à l’enfouissement.
Les avantages de la valorisation des biodéchets
Outre une raison économique, la valorisation des déchets organiques présente de nombreux avantages.
1- Générer moins de gaz à effet de serre
Non valorisés, les déchets organiques représentent une source d’émissions de gaz à effet de serre importante. Enfouis dans des décharges, ils fermentent et génèrent des émissions de gaz à effets de serre.
De son côté, l’incinération permet de fournir de l’énergie, mais libère aussi des quantités importantes de gaz à effet de serre.
À cela s’ajoutent aussi les émissions liées au transport de ces déchets jusqu’à leur lieu de traitement. Des solutions comme le compostage ou la méthanisation doivent être envisagées à une échelle locale. Elles limitent ainsi le transport et donc l’impact pour l’environnement.
2 – Produire un complément à l’engrais chimique
La valorisation des biodéchets permet de leur donner une seconde vie. En les transformant en une matière riche et concentrée, ils répondent aux besoins de fertilisation et d’amendement des sols agricoles.
Le compost ou le digestat, viennent complémenter ou parfois même remplacer l’utilisation d’engrais chimiques, dont le processus de fabrication est à la fois coûteux, polluant et énergivore.
De plus, le compost améliore la capacité des sols à retenir l’eau. Du fait d’une activité microbienne riche, il permet à l’air et l’eau de s’infiltrer plus facilement.
3 – Un intérêt sociétal
Le développement de ces nouvelles filières de gestion des déchets permet de créer de l’emploi. Mis en place au niveau local, le compostage et la méthanisation représentent une source d’activité qui favorise le développement des territoires.
De plus, la valorisation des biodéchets permet de sensibiliser les citoyens. Le tri des déchets, la collecte, mais aussi la lutte contre le gaspillage alimentaire, sont des sujets de société qui doivent être mis sur le devant de la scène.
Dans le même temps, il est à noter que la mise en décharge et surtout l’incinération sont des méthodes moins vertueuses Se tourner vers d’autres méthodes de traitement pour les biodéchets, plus propres, produit un impact social et environnemental positif.
L'avenir des biodéchets
Les biodéchets représentent une grande partie des déchets produits chaque année en France. En première ligne, l’industrie agroalimentaire et les collectivités, qui génèrent plusieurs milliers de tonnes de déchets organiques valorisables.
Car correctement collectés et triés, ces déchets représentent une véritable ressource.
Aujourd’hui trois grandes filières de valorisation apparaissent : le compostage, la fertilisation et la méthanisation. Ces techniques sont envisagées dans une optique d’économie circulaire. Elles visent à réutiliser ce qui peut-être considéré comme un déchet, en lui donnant une seconde vie. Ainsi, ces méthodes de valorisation permettent un retour au sol de ces matières organiques, sous forme d’engrais ou d’amendement. De plus, la méthanisation fournit de l’énergie renouvelable.
Alors compostage, fertilisation ou méthanisation ? Tout dépend du type de déchets, mais aussi des solutions de traitement proposées au niveau local. En effet, ces méthodes de valorisation des biodéchets doivent être menées au niveau territorial et permettre ainsi le développement d’une économie circulaire de proximité.
Pour aller plus loin, la méthanisation, mais surtout le compostage et la fertilisation peuvent être envisagés à taille humaine. Il est en effet possible de composter directement chez soi en utilisant un bac à compost classique. Pour les citadins, il existe des points de compostage pour vous permettre de valoriser vos biodéchets.
Le tri des déchets et leur valorisation, ne doivent plus être des sujets tabous ou réservés uniquement aux initiés. Tout le monde peut agir et tirer profit de ces nouveaux modes de gestion des déchets.