L’épandage des déchets organiques de l’industrie agroalimentaire est une pratique agronomique essentielle qui permet de restituer au sol les éléments nutritifs prélevés par les cultures. Cependant, pour que cette pratique soit bénéfique et non préjudiciable à l’environnement, elle doit être réalisée dans un cadre réglementaire strict, défini par un plan d’épandage.
La réglementation du plan d'épandage
Toute exploitation soumise à la réglementation des ICPE doit disposer d’un plan d’épandage.
Un plan d’épandage est un document stratégique qui enregistre les apports en fertilisants organiques et minéraux sur les parcelles agricoles. Il est conçu pour assurer que tous les effluents d’élevage et autres déchets organiques soient distribués de manière à respecter les conditions environnementales et réglementaires. Ce plan doit inclure le type d’effluent, la quantité épandue, la période et les parcelles concernées, ainsi que les cultures en place et à venir.
Dans le cadre de la gestion des déchets organiques de l’industrie agroalimentaire, l’épandage agricole est soumis à une réglementation stricte, essentielle pour protéger les espaces naturels et limiter l’impact sur le climat.
Étude de terrain et planification
Avant tout épandage, une étude de terrain est nécessaire pour définir l’effluent à épandre en fonction du type de sol et de la zone autorisée pour les épandages. Cette étude aboutit à la création de plans d’épandage qui déterminent les doses et les fréquences des apports en fonction de la situation géographique des parcelles, des sols et des systèmes de culture.
Réglementation des apports en fertilisants
La réglementation encadre les apports en fertilisants, les distances d’exclusion des épandages et les périodes d’interdiction. Il est interdit d’épandre sur des sols non cultivés, détrempés, enneigés ou gelés, ainsi que sur des sols en fortes pentes. La quantité de fertilisant épandue doit être limitée aux besoins nutritionnels des plantes, avec un seuil de 170 kg d’azote par hectare sur les zones vulnérables.
Distances d'épandage
Des distances minimales sont à respecter en fonction de la proximité des habitations, lieux de travail, campings, etc. Par exemple, une distance de 35 mètres des berges d’un cours d’eau est obligatoire pour tout type d’apport fertilisant, ainsi qu’entre une zone d’épandage et un point d’eau destiné à l’alimentation humaine.
Périodes d'épandage
Les périodes interdites à l’épandage varient selon le type de culture et le type de matière fertilisante. Par exemple, pour les cultures d’automne hors colza, l’épandage de lisier et de fumier de volaille est interdit de mi-octobre à fin janvier. Pour les cultures de printemps, les périodes d’épandage s’étendent de début juillet à mi-janvier.
Impact Environnemental
Les épandages contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, notamment le protoxyde d’azote (N2O) et le méthane (CH4). La réglementation vise à limiter l’impact des activités agricoles sur l’environnement et le climat en encadrant les pratiques d’épandage.
Les obligations des exploitants
Le cahier d’épandage est obligatoire pour les élevages qui souhaitent fertiliser les sols qu’ils exploitent. Il doit être tenu à jour et conservé pendant cinq ans. En cas de non-conformité, l’exploitant peut être sanctionné, tant au niveau pénal que dans le cadre des aides qu’il pourrait percevoir.
Contenu du cahier du plan d'épandage
Pour être en conformité, le cahier d’épandage doit contenir :
- Une cartographie parcellaire précise.
- L’identité et l’adresse de l’exploitant et des prêteurs de terres.
- Un tableau des surfaces avec des informations détaillées.
- Un descriptif des systèmes de cultures envisagées.
- La caractérisation des effluents d’élevage.
- Les doses maximales admissibles par type d’effluent, de sol et de culture.
- Un calendrier prévisionnel d’épandage.
- Le calcul du solde de la balance globale azotée (BGA).
La rédaction d’un cahier d’épandage peut être complexe, car elle nécessite une connaissance approfondie des réglementations en vigueur ainsi que des pratiques agronomiques optimales.
De nombreux organismes agricoles disposent de conseillers spécialisés dans la gestion des effluents et la réglementation environnementale. Ces experts peuvent fournir un accompagnement personnalisé pour la création et la mise à jour du cahier d’épandage.
D’autre part, les chambres d’Agriculture offrent souvent des services de conseil et d’assistance technique aux agriculteurs, y compris pour la rédaction des cahiers d’épandage
Gestion et Suivi du Plan d'Épandage
La gestion du plan d’épandage nécessite une expertise technique approfondie. Les éleveurs et exploitants doivent assurer la traçabilité des fertilisants utilisés et calculer la bonne dose au bon endroit. Des logiciels de fertilisation peuvent aider dans la réalisation et le suivi du cahier d’épandage, en facilitant la transmission des informations et en limitant les erreurs de saisie.
Le plan d’épandage est un outil indispensable pour la valorisation des déchets organiques dans l’agriculture. Il permet de concilier les besoins en fertilisation des sols avec la protection de l’environnement et la santé publique.
Pour le responsable QHSE et de production des usines agroalimentaires, comprendre et appliquer les exigences d’un plan d’épandage est crucial pour une gestion durable et responsable des biodéchets et coproduits.
De la Méthanisation à l'Épandage
La transition des biodéchets de l’industrie agroalimentaire vers une valorisation en tant que fertilisants s’inscrit dans une logique d’économie circulaire et de développement durable. La méthanisation, en transformant ces déchets en biogaz et en digestat, joue un rôle pivot dans ce processus. Le digestat, riche en matières minérales et organiques, devient un substitut avantageux aux engrais chimiques, tout en conservant les éléments fertilisants essentiels et en étant plus facilement assimilable par les cultures.
La réglementation en vigueur encadre strictement l’utilisation de ce digestat, assurant que son épandage contribue à la fertilité des sols sans dépasser les seuils imposés pour la protection de l’environnement. Les plans d’épandage, en évaluant l’équilibre entre les quantités de digestat apportées et la capacité des sols et des cultures à les recevoir, garantissent que l’intégration de ce digestat dans les effluents d’épandage reste conforme aux normes environnementales.
Pour les responsables des biodéchets des usines agroalimentaires, il est donc essentiel de s’assurer que la méthanisation et le compostage des déchets organiques s’inscrivent dans une démarche respectueuse des réglementations. Cela permet non seulement de valoriser ces déchets de manière écologique mais aussi de soutenir une agriculture plus durable, en fournissant aux sols des nutriments de qualité et en réduisant la dépendance aux engrais synthétiques.
En somme, l’intégration du digestat dans les plans d’épandage représente une opportunité de boucler la boucle du recyclage des matières organiques, en transformant les déchets d’aujourd’hui en ressources pour demain. C’est une démarche qui reflète l’engagement de l’industrie agroalimentaire vers une gestion plus verte et plus responsable de ses processus de production et de ses sous-produits.